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CHRONIQUE MECANIQUE

CHRONIQUE MECANIQUE

L'oeil critique de Jean Vacances sur le cinéma - Retrouvez également la page Facebook du blog : www.facebook.com/ChroniqueMecanique


EVIL DEAD

Publié par JeanVacances sur 3 Août 2013, 15:27pm

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Un film de Fede ALVAREZ

Horreur + Etats-Unis + Couleur + 1h33 

Sortie française le 1 mai 2013

Scénario de Fede Alvarez et Rodolfo Sayagues 

Produit par Sam Raimi, Bruce Campbell et Robert Tapert
 

INTERDIT AUX MOINS DE 16 ANS

 

De quoi ça parle ? 

Bien décidée à en finir avec son addiction à la drogue, Mia s'installe pour plusieurs jours dans le chalet familial perdu au fin fond des bois dans l'objectif de se sevrer. Pour mener à bien cette tâche difficile, elle est accompagnée par son grand frère David et trois de leurs amis d'enfance. Un soir, le petit groupe découvre un vieux et étrange livre dans le sous-sol du chalet. L'un d'eux fait l'erreur fatale d'en lire un passage à haute voix. Les forces démoniaques qui hantent la forêt sont alors réveillées...

 

C'est avec qui ?

JANE LEVY Mia + SHILOH FERNANDEZ David + LOU TAYLOR PUCCI Eric + JESSICA LUCAS Olivia + ELIZABETH BLACKMORE Nathalie

 

evil-dead-grande-1.jpg

 

Et ça donne quoi ? 3

Si le remake est une grande mode dans le cinéma d'horreur, s'attaquer à l'incontournable classique qu'est Evil Dead est quelque chose qui suscite autant d'excitation que de peur. La dernière émotion citée est logique pour ce type de film me direz-vous, mais dans ce cas nous évoquons davantage une anxiété liée à la déception qu'à un sentiment d'effroi pur. Réalisé avec trois francs six sous, l'original de Sam Raimi était un must du genre dont la portée a traumatisé des générations entières de spectateurs, alors on est forcément curieux de voir une nouvelle version en dépit de la crainte qui nous envahit dans le même temps à l'idée de la découvrir. Et même si ce Evil Dead sauce 2013 ne deviendra assurément jamais aussi culte que son aîné, il faut bien avouer que le ketchup concocté par le jeune cinéaste uruguayen Fede Alvarez est loin d'avoir un goût rance. Bonne nouvelle déjà, celui qui a été repéré par Sam Raimi en personne sur internet ne bafoue pas son modèle pour lequel on sent un profond respect. Alors les fans de la première heure au cerveau obtus crieront certainement au scandale devant les quelques modifications new-age apportées à leur chef-d’œuvre, notamment l'humour et la fantaisie enterrés vivants au profit d'une charge dramatique sans grand intérêt (et sur ce point ils auront parfaitement raison), mais cette version méchamment gore à la finesse d'un bucheron et à la mise en scène impeccable témoigne d'un amour sincère pour le genre. Aucun temps mort à recenser, le rythme ne faiblit jamais ce qui lui confère une efficacité littéralement diabolique. Savamment orchestré et surtout très trash, ce Evil Dead là ne révolutionne absolument rien, contrairement à son modèle, mais n'en a de toute façon jamais la prétention. A convertir en végétarien les amateurs les plus avertis du rayon boucherie.

Du côté d' Hollywood, c'est bien connu : on produit des remakes comme le Christ multipliait les pains. Qui plus est lorsque les films remit aux fourneaux avaient quelque chose de démoniaque dans leur recette d'origine. Oui, le cinéma d'horreur est un véritable vivier dans lequel les producteurs n'hésitent pas à piocher lorsqu'ils sont (comme cela arrivent très souvent) à court d'idées nouvelles. Massacre à la tronçonneuse, Halloween, Les griffes de la nuit, La colline a des yeux, Vendredi 13, The thing, Zombie, j'en passe et des meilleurs... Personne n'a pu esquiver la case relooking avec, il faut bien le dire, des fortunes pas toujours magnifiiiiques. En effet, s'attaquer à de sacrosaints longs-métrages d'épouvante peut s'avérer un exercice aussi périlleux que de s'aventurer seul la nuit dans une cabane isolée au fin fond des bois lorsque l'on est une bande de jeunes étudiants américains armée d'un pack de bières fraîches comme la chair. En priorité - et bien qu'ils leur soient déconseillés dans un premier temps - les films d'horreur trouvent leur public principal chez les ados. Et, on le sait, l'adolescent est un être borné qui se lasse facilement et se montre difficilement impressionnable. La violence explicite des 70's ne fait pas plus d'effet à un jeune d'aujourd'hui qu'une stripteaseuse à un moine tibétain. Donc on réadapte les codes d'antan en les actualisant, on réajuste les personnages d'autrefois aux moeurs d'aujourd'hui, on remet plus de gore, plus de vice, plus de sang, plus de ci, plus de ça, et on enlève ce qui n'était que suggéré et fait en carton-pâte avec deux bouts de ficelle pour que cela paraisse moins obsolète à l'ado 2.0 bercé par la haute-technologie et les images choc. Parfois même, on y ajoute de la 3D. Et bim, le tour est joué ! Vous voilà avec un jeune et fringant remake ! Et si il l'avait évité jusque-là, il était bien entendu couru d'avance qu'Evil Dead passerait un jour à la moulinette (ou à la broyeuse, au choix).

 

"Cet Evil Dead là n'est pas un simple copié/collé, c'est une nouvelle oeuvre autonome emplie d'amour pour celle de 1981. En témoigne de très nombreux clins d'oeil, et surtout des effets spéciaux réalisés à l'ancienne, comme le faisait Raimi à l'époque."

 

Et forcément, cette nouvelle version ne peut échapper au petit jeu de la comparaison. Premier constant qui en décevra plus d'un, la regrettable disparition du mythique personnage de Ash jadis campé par Bruce Campbell et qui était le véritable emblème de cette horrifique saga. Il est ici remplacé par le type de protagoniste caractéristique de quasiment chaque film du genre, j'ai nommé une belle jeune femme, frêle et innocente au départ avant de se muer en une trucideuse de croque-mitaine hors-pair. Au premier abord, on peut aisément déplorer la perte d'un nouveau et charismatique Ash au casting 2013, car un Evil Dead sans lui, c'est un peu comme un Rocky sans Stallone, mais finalement tout est (bien) amené pour que l'on arrive à l'oublier sans trop de mal. Puisque l'on en est à parler du casting justement, profitons pour dresser un rapide tour d'horizon de celui-ci : rien d'extraordinaire ici, on a de belles petites gueules quasi inconnues du grand public et provenant pour la grande majorité de séries TV. Même si ces jeunes acteurs s'en sortent plutôt bien dans des rôles que l'on connait tous déjà par coeur, ils sont surtout là pour se faire violenter par de sadiques esprits forestiers, pour une performance à la Daniel Day-Lewis ou à la Christian Bale, il faudra repasser. Second constat, et c'est encore ici une absence remarquable et remarquée tant cela caractérisait parfaitement l'oeuvre de Sam Raimi : le manque d'humour et de folie. Là où la trilogie originelle faisait preuve d'un esprit volontairement grand-guignolesque et délirant sur (presque) toute la ligne, le Evil Dead de Fede Alvarez se veut plus premier degré, et se concentre assez maladroitement, notamment dans son premier tiers, sur une charge de pathos plutôt futile qui aurait gagnée à être évitée. On a donc le droit au gros cliché des blessures du passé des héros ressassées avec leurs bons sentiments sur fond de piano. Autre remarque que l'on peut soulever : si Alvarez se montre excellent pour induire une cadence diabolique à son film qu'il rythme d'effets ultra-gore lancés tel une chaine de tronçonneuse qui tournerait à plein débit, on peut néanmoins regretter son manque de savoir-faire dans l'utilisation des ressorts de la peur. En effet, Raimi avait réussi en son temps une pellicule beaucoup plus flippante. L'uruguayen se montre plus à son aise dans les séquences d'horreur pure que dans celles de suspense. On sent davantage la volonté d'avoir voulu faire une pellicule gore plutôt qu'un film d'épouvante. Mais si l'on passe outre ces quelques remaniements, on s'aperçoit aisément du vibrant hommage rendu par le réalisateur novice à son (ses) modèle(s). Bien qu'il se soit réapproprié l'histoire - chose plutôt positive - il ne commet aucun outrage digne de ce nom, ne la dénature pas, et ne se montre pas insolent en essayant à tout prix de tomber dans la surenchère du jeune qui veut faire le coq face à l'ancien. Cet Evil Dead là n'est pas un simple copié/collé, c'est une nouvelle oeuvre autonome emplie d'amour pour celle de 1981. En témoigne de très nombreux clins d'oeil (entre les légendaires plans en caméra subjective de l'esprit fonçant à travers la forêt, ou encore la petite comptine entonnée depuis la cave, les fans de la première heure pourront même s'amuser à les dénombrer), et surtout des effets spéciaux réalisés à l'ancienne, comme le faisait Raimi à l'époque. Et en dépit d'un scénario somme toute banal, Alvarez fait preuve d'une vraie habileté dans sa mise en scène (la photographie est vraiment de qualité), une mise en scène pour laquelle il a adhéré à une radicalité sans détour et méchamment décapante. Cette version new-age tourne comme un vieux diesel, a quelque peu du mal à démarrer, mais une fois lancée elle envoie la sauce (tomate), et les giclées ne s'arrêtent plus ! J'en veux pour preuve un final frénétique où fusent les litres d'hémoglobines.

 

"Ce n'est pas le film d'horreur, ni même le remake, du siècle, mais pour les amateurs se serait vraiment dommage de bouder son plaisir en se refusant à cette relecture plutôt réussie des pages sanglantes du terrifiant Necronomicon."

 

Une fois la confrontation entre le neuf et l'ancien établie, on se rend vite compte que le cru 2013 de ce vin rouge-sang n'apporte pas grand-chose de neuf au genre, et ne restera, lui, certainement pas dans les annales, mais on est bien obligés (et rassurés quelque part) de reconnaitre ses aptitudes, notamment une grande maitrise des codes qu'il emploi à fond et un résultat final au rendement luciférien. Le fantôme de Sam Raimi (et de beaucoup d'autres grands noms de l'horreur d'ailleurs) plane au-dessus de la nouvelle visite de ce chalet isolé, et l'on peut penser qu'avec des réalisateurs comme cela, la relève est pas loin d'être assurée. Certes ce n'est pas le film d'horreur, ni même le remake, du siècle, mais pour les fans se serait vraiment dommage de bouder son plaisir en se refusant à la relecture ultra-sanglante des pages du terrifiant Necronomicon.

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Quelques trucs à savoir sur le film pour se la péter en société

+ Internet est bien l'outil du 21ème siècle, et ce n'est pas Fede Alvarez qui vous dira le contraire. Né au début de l'année 1978 à Montevideo, la capitale de l'Uruguay, celui-ci doit le lancement de sa carrière de réalisateur à la toile. Déjà auteur de plusieurs courts-métrage qu'il écrit et dont il conçoit lui-même les effets spéciaux, Alvarez balance en 2009 sur YouTube un film de 5 minutes, Ataque de Panico (Panic Attack), qui enregistre des milliers de vues en quelques jours et tape dans l'oeil d'un certain Sam Raimi. L'auteur des trilogies Evil Dead et Spiderman , sous le charme du travail du jeune cinéaste sud-américain, le contacte alors et lui propose, via sa société de production Ghost House, la mise en scène d'un film de science-fiction à tout petit budget. Mais ce projet ne verra finalement pas le jour. Cependant, lorsque l'idée d'un remake de Evil Dead est évoqué, Raimi désigne aussitôt Alvarez pour se placer derrière la caméra et lui offfe ainsi la réalisation de son premier long-métrage.

 

+ C'est en premier lieu l'idée d'un quatrième volet des aventures de Ash aux prises avec les forces du mal libérées par le Necronomicon qui a germé dans l'esprit de Sam Raimi. Jugeant son oeuvre de jeunesse trop limitée techniquement et pas assez abouti à cause d'un manque de moyens financiers, il voulait lui offrir une nouvelle suite plus perfectionnée : "À mes yeux, c’était une fantastique histoire de fantôme qui méritait d’être à nouveau portée à l’écran, mais cette fois-ci avec de belles images, des effets visuels de qualité et un excellent son". Finalement, Raimi va opter pour la création d'un remake de son film, remake dont il est le co-producteur en compagnie de Robert Tapert, qui officiait déjà à ce poste sur chaque volet de la trilogie originelle, et de Bruce Campbell, l'incontournable héros des trois premiers films.

 

+ Comme l'avait fait Raimi en son temps, Alvarez a eu recours sur le plateau de ce remake à des effets spéciaux "old-school". Pas d'images de synthèse à outrance ou d'effets numériques réalisés en post-production, mais beaucoup beaucoup de litres de faux sang (on parle de plus de... 25 000 litres utilisés !), d'heures de maquillages (en moyenne trois heures pour chaque acteur lorsqu'il devait jouer son personnage en mode "possédé"), et de prothèses à tout-va pour grimer les protagonistes. "C'était vraiment dur par moment. Parfois, nous avions envie d’arracher nos prothèses et d’éclater en sanglots" dixit Elizabeth Blackmore (Nathalie).

 

+ Pour continuer dans cet esprit "fait à la maison" aussi cher à Sam Raimi qu'à Fede Alvarez, ce remake a lui aussi été tourné en décors naturels. Hors de question de construire entièrement une cabane factice dans une foret qui n'aurait été qu'un décor de studio, alors l'équipe de production, après de longues recherches, a jeté son dévolu sur une cabane dans les bois se trouvant à Auckland, en Nouvelle-Zélande. De l'avis de beaucoup de personnes composant l'équipe du film, cette forêt était vraiment terrifiante et a énormément servi à ce que tout le monde se sentent dans une atmosphère propice au tournage d'un film d'horreur.

 

+ Pour sa toute première expérience à Hollywood, Fede Alvarez a bénéficié de conditions dont peu de réalisateurs peuvent se vanter. En effet, Sam Raimi, Bruce Campbell et Robert Tapert lui ont laissé le champ libre artistiquement. "Nous ne lui faisions que de rares suggestions. Il nous a parfois écoutés, parfois non. Lentement mais sûrement, je lui ai cédé le contrôle artistique du film" déclare Raimi à ce propos.

 

+ Les spectateurs les plus patients, ceux qui regarderont le générique de fin jusqu'à son terme, auront le droit à une toute petite surprise qui devrait, avec une brève apparition très spéciale pour chaque fan de la saga, forcément les ravir...

 

+ Alors que le premier Evil Dead de 1981 était l'oeuvre d'un jeune étudiant en cinéma de 22 ans et de sa bande de potes avec laquelle il avait voulu faire une version longue de leur court-métrage de fin d'études baptisé Within the Woods, et que le budget de ce premier long-métrage en question n'était que de 350 000 dollars (maigre financement qu'ils avaient d'ailleurs mis trois ans à boucler !), cette version 2013 a elle bénéficié d'un cachet 50 fois supérieur, puisque le budget s'élève à environ 17 millions de dollars.

 

+ Au départ, le profil de l'actrice Jane Levy, qui campe Mia, n'a pas forcément tapé dans l'oeil du réalisateur et des producteurs qui ne voyaient pas celle-ci dans la peau de la jeune héroïnomane tourmentée. Mais après son audition, la comédienne les a fait changé d'avis et a été engagée de suite.

 

+ Le casting de ce remake est en majeure partie composée par de jeunes acteurs issus de la télévision. Pour preuve, Jane Levy (Mia) a joué dans les séries Shameless et Suburgatory, Shiloh Fernandez (David) dans Jericho , Gossip Girls et United States of Tara, et Jessica Lucas (Olivia) a été vue dans quelques épisodes de The L World et Beverly Hills : Nouvelle Génération.

 

+ Si l'on prend la première lettre du prénom de chaque personnage de ce film, à savoir David, Eric, Mia, Olivia et Nathalie, on obtient tout simplement le mot DEMON.

EVIL DEAD
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S
J'apprécie votre blog, n'hésitez pas a visiter le mien.<br /> Cordialement
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L
L'enfance est la tranche d'âge allant de la naissance à l'adolescence. Selon la théorie du développement cognitif piagets, l'enfance se compose de deux étapes: stade préopératoire et le stade des opérations concrètes.
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B
Plusieurs moteurs de recherche de blogs sont utilisés pour rechercher le contenu du blog, tels que Bloglines, BlogScope, et Technorati. Technorati, qui est parmi les moteurs de recherche de blogs les plus populaires, fournit des renseignements à jour sur les deux recherches populaires et les balises utilisées pour classer les blogs.
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W
Great! Evil dead is my favorite horror movie. It is just weird and spooky film. It is one movie that offered me sleepless nights for a week. Thank you for sharing such a wonderful post. Keep updating further more.
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H
Merci pour cette critique complète. Je vais regarder car cela a l'air pas mal.
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J
Et bien merci beaucoup à toi HJ, n'hésite pas à revenir ici pour me dire ce que tu en as pensé personnellement après ton visionnage !

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